BERTRAND TAVERNIER, "MONSIEUR CINEMA"

Bertrand Tavernier, nous a quitté ce jeudi 25 Mars. Dans un mois pile, il aurait fêté ses 80 ans. C'est un réalisateur magistral dans le cinéma Français de ces cinquante dernières années. Vif, curieux, drôle, imaginatif, c'était un aficionado du 7ème art, un vrai cinéphile amoureux de tous les genres, même si ses préférences allaient vers le films noir des années 50 et les westerns. Il était intarissable sur sa passion. En quelques photos et succinctement, nous allons survoler l'immense carrière du réalisateur.

1er film pour Bertrand Tavernier: L'horloger de St Paul (1974). Tiré d'un roman de Georges Simenon, l'action se passait à Everton. Là, elle a été transposé à Lyon, ville natale de Tavernier. On se souvient de ce fameux générique avec une voiture qui brûle sur, déjà, la musique du fidèle Philippe Sarde. Noiret, qui joue le père d'un homme accusé de meurtre n'a jamais été aussi bon! Sur la photo, petite pause restaurant pendant le tournage.

Les célèbres masques du film historique Que la fête commence (1975) récompensé par 4 Césars, dont celui du meilleur réalisateur pour Bertrand Tavernier et du meilleur acteur dans un second rôle pour Jean Rochefort. Avec aussi Marina Vlady, Philippe Noiret et Jean Pierre Marielle. Et dans des petits rôles, l'équipe du Spendid: Lhermitte, Jugnot, Clavier et Michel Blanc.

Performance d'acteur inoubliable pour Michel Galabru qui obtient le César du meilleur acteur pour Le juge et l'assassin (1976). D'après l'histoire vraie d'un des premiers tueurs en série Français: Joseph Vacher. Un grand film.

La regrettée Christine Pascal (décédée en 96) et Michel Piccoli au service de cette histoire d'amour sur fond de méthodes abusives d'un propriétaire immobilier. Un récit presque autobiographique, puisque la même mésaventure était arrivée au cinéaste. Des enfants gatés (1977), une oeuvre peu connue dans la carrière de Tavernier.

Une distribution internationale: Romy Schneider, Harvey Keytel, Max Von Sidow et Harry Dean Stanton réunis pour La mort en direct, une charge contre les médias et la télé réalité... en 1980. Tavernier visionnaire!

Nathalie Baye et Gérard Lanvin amoureux dans un film que j'avais beaucoup aimé Une semaine de vacances (1980). Avec aussi Michel Galabru, Philippe Leotard et Philippe Noiret, qui reprend son rôle de Michel Descombes qu'il avait déjà tenu dans L'horloger de St Paul.

Isabelle Huppert et Philippe Noiret éblouissants dans ce célèbre Coup de torchon (1981). Un ovni que cette charge violente, mais sans illusion, contre la religion, la colonisation, l'armée, l'ordre et... le couple. Avec des seconds rôles de choix: Stéphane Audran, Jean Pierre Marielle dans un double rôle savoureux, Guy Marchand et Eddy Mitchell. Nomination aux Oscars pour le meilleur film étranger.

César de la meilleure actrice pour Sabine Azema, éblouissante dans ce très beau film Un dimanche à la campagne (1984). L' évocation d'un peintre en fin de vie interprété par Louis Ducreux deux ans avant le début de la première guerre mondiale. L'acteur, alors âgé de 73 ans, va apporter sa touche personnelle pour créer le personnage (notamment le fait que Mr Ladmiral aie obtenu la légion d'honneur).

Autour de minuit, biopic romancé du saxophoniste de jazz Lester Young (qui s'appelle dans le film Dale Turner)... Pour la petite histoire Maron Brando avait envoyé un mot à Dexter Gordon, comme quoi ça faisait longtemps qu'il n'avait pas été aussi ébloui par une performance d'acteur.

 Oscar de la meilleure musique de film en 1987 et un des premiers rôles importants au cinéma pour François Cluzet.  

Julie Delpy inoubliable et un Bernard Pierre Donnadieu impressionnant dans un film au sujet difficile: La passion Béatrice (1987). Avec Maxime Leroux et aussi Monique Chaumette, l'épouse de Philippe Noiret. Un film âpre qui m'a marqué.

Bertrand Tavernier, au milieu de ses figurants, dirigeant La vie et rien d'autre en 1989. Formidable diatribe contre la guerre. César du meilleur acteur pour son comédien fétiche: Philippe Noiret.

Retour en grâce et dernier film pour l'acteur Britannique Dirk Bogarde (Le cavalier noir, The servant, Mort à Venise, Portier de nuit), avec ce Daddy nostalgie (1990). Et un très beau rôle pour Jane Birkin.

Un film "coup de poing" sur une équipe de la Brigade anti drogue Parisienne, tourné comme un documentaire, c'est L627. Avec un Didier Bezace "habité". Le ministre de l'intérieur de l'époque, jettera l' opprobre sur le film, disant que ça ne se passait pas du tout comme ça dans la police. (notamment au niveau des moyens financiers mis à la disposition des commissariats, mais beaucoup de policiers donneront raison au cinéaste).

Bertrand Tavernier retrouve Philippe Noiret qui joue l’aventurier Gascon et Sophie Marceau sa progéniture dans La fille de d'Artagnan. Le réalisateur a repris le projet après le forfait pour raisons de santé de Ricardo Freda.

Basé sur l'un des faits divers les plus célèbres des années 80, l'affaire Valérie Subra, c'est L'appat en 1995. Meilleur espoir féminin pour Marie Gillain.

Philippe Torreton, le Capitaine Conan (1996) au milieu de ses hommes. Les derniers mois de la guerre 14/18. César du meilleur acteur pour le comédien et César du meilleur réalisateur pour Tavernier (ex æquo avec Patrice Leconte pour Ridicule).

Philippe Torreton rempile pour Tavernier avec ce rôle d'instituteur dans une école maternelle difficile dans les Hauts de France, c'est Ça commence aujourd'hui (1999). Une chronique sociale, à la limite à la limite du documentaire.

Un film un peu moins connu du réalisateur, pourtant récompense au Festival de Berlin, avec Jacques Gamblin qui interprète un scénariste en devenir sous l'Occupation Allemande.

Laissez passer (2002).

Bertrand Tavernier mettant en scène Tommy Lee Jones dans ce très beau thriller crépusculaire Dans la brume électrique (2004). Un tournage en Louisiane pour cette coproduction Franco/Américaine avec aussi Mary Steenburgen, John Goodman, Peter Sarsgaard, Ned Beatty et John Sayles.

Le film La princesse de Montpensier a du mal à boucler son budget. Frédéric Mitterand, alors ministre de la culture se débrouille pour que le film obtienne son financement. Avec Lea Seydoux (avant James Bond), Lambert Wilson, Raphael Personnaz et Gaspard Ulliel.

Brillante étude des travers de la politique Française, tourné en partie au vrai Quai d'Orsay en 2013. Avec Thierry Lhermitte interprétant un ersatz de Dominique de Villepin, Raphael Personnaz, Julie Gayet et un jubilatoire Niels Arestrup. Un très bon film que ce Quai d'Orsay (2013).