MADAME CLAUDE

Madame Claude. 2021. France. En couleurs. Durée 1h52 . Produit par TGN7 Productions et Les compagnons du cinéma. Un film réalisé et scénarisé par Sylvie Verheyde. Musique de Nousdeuxtheband. A voir sur Netflix.

Avec dans les rôles principaux: 

Karine Rocher (Fernande Grudet dit Madame Claude)

Garance Marillier (Sidonie)

Rochdy Zem (Jo Attia)

Pierre Deladonchamps (Serge)

Paul Hamy (André)

Mylène Jampanoi (Yoshiro)

Benjalin Biolay (le comissaire)

Leah O'Prey (Virginie)

Philippe Rebot (le père de Sidonie).

Le résumé:

A la fin des années 60, Fernande Grudet dit Madame Claude est à la tête d'un énorme réseau de prostitution  particulièrement florissant dont les clients sont des hommes politiques, des diplomates ou des vedettes du show biz... Son succès, son indépendance toute féminine commencent à faire grincer des dents parmi le milieu mais aussi parmi l'état Français. Pourtant elle n'hésite pas à refiler des tuyaux à la police Française et aux RG, tout en étant très proche de certaines figures de la pègre Parisienne comme Jo Attia qui la "protège".

Un jour, Sidonie, une jeune fille de bonne famille se fait engager par la proxénète.

Madame Claude et Sidonie sa protégée.

Elle est différente des autres filles, et Madame Claude, pourtant solitaire et très indépendante en amour comme en amitié, va petit à petit lui donner sa confiance jusqu'à en faire son bras droit.  Mais les temps changent, et le succès de Madame Claude et ses filles dérangent fortement. Plus que son activité, c'est le fait d'être une femme de pouvoir, quasi affranchie des hommes, qui va entraîner une déferlante d'ennuis jusqu’à  la mener à sa chute. 

La critique: 

Quelle déception et quel gâchis! Pourtant tout est réuni pour voir un grand film sur une certaine image révolue de la France. Les intentions de Sylvie Verheyde sont bonnes, on sent en amont la volonté de la scénariste/réalisatrice de nous montrer un spectacle de qualité, mais  ça retombe comme un soufflé raté. Le problème vient du fait que rien n'est vraiment appuyé, tout est effleuré sans jamais aller dans les détails. Il aurait fallu un fil rouge scénaristique qui puisse tenir en haleine le spectateur, c'est généralement ce qui fonctionne dans un biopic réussi (comme l'histoire d'amour torturée entre Johnny Cash et June dans Walk the line, le désamour de Colette pour Willy qui s'installe au fil de l'histoire puisque il s'est accaparé ses œuvres dans Colette...etc).

Sylvie Verheyde et Karine Rocher

Et malgré une reconstitution réussie de l'époque, une ambiance particulière, un casting plutôt prometteur, on regarde d'un œil distrait les pérégrinations de la plus célèbre "Madame" de France. Il manque aussi une direction d'acteur digne de ce nom. Karine Rocher, généralement talentueuse, a quelques fulgurances, mais la plupart du temps son jeu n'est pas très juste et ses dialogues (du a leurs piètres qualités) tombent souvent comme un cheveu dans la soupe. Pareil pour Rochdy Zem, lui qui en temps normal tire son épingle du jeu, annone ici ses répliques sans la moindre conviction. Ces "fautes de jeu" nous empêchent de nous attacher aux personnages principaux.

Pour conclure Madame Claude n'est pas pas un naufrage comme j'ai pu le lire, c'est seulement un film pas réussi, et c'est dommage.


La note: 

8/20

Le plus:

Les chansons Françaises d'époques, toutes chantées comme il se doit par des femmes  arrivent à point nommé pour transcender d'émotions certaines scènes. Parmi elles, on retiendra "L'amitié" interprétée par Françoise Hardy, "Il est mort le soleil" par Nicoletta ou encore "L'amour c'est comme les bateaux" par Sylvie Vartan.

Le moins:

On en a déjà parlé, mais la direction d'acteur laisse vraiment à désirer.

Les anecdotes:

En 1977, Just Jaeckin essaye de rééditer le triomphe de son Emmanuelle (1974) en réalisant Madame Claude. Là aussi on a le droit à un casting hétéroclite et prestigieux: Francoise Fabian dans le rôle titre, mais aussi la mannequin Dayle Haddon, le chanteur Murray Head, l'explosif et dérangeant Klaus Kinski, l'américain Robert Webber, plus des valeurs sures du cinoche Français dans des seconds rôles comme Maurice Ronet, Jean Gaven, Andre Falcon, Francois Perrot ou Pascal Greggory.

Bien avant Karine Rocher, Françoise Fabian incarne Madame Claude dans un film de 1977.

 Le film mêlant érotisme et affaires d états est tiré du livre biographique " Allo, oui... ou les mémoires de Madame Claude" de Jacques Quoirez. Pour enrober le tout, les producteurs font appel à Serge Gainsbourg pour composer la bande originale. Le film marche suffisamment bien (même si on est très loin du phénomène Emmanuelle) pour qu'un Madame Claude 2 soit tourné en 1981. Françoise Fabian jette l'éponge, elle est remplacée par Alexandra Stuart.


La véritable Madame Claude est née à Angers en 1923. Elle anime un réseaux de prostitutions des la fin des années 50. Pendant la décennie 64/74 ses affaires prospèrent. La réputation de ses activités dépassent largement les frontières Françaises et des hommes du monde entier viennent s'encanailler avec les filles qu'a façonné Fernande. La preuve que sa renommée est internationale, son surnom "Madame" (ou "Madam" en anglais) deviendra à l'étranger un nom commun pour désigner une mère maquerelle d'une maison de passe de luxe...

La véritable Madame Claude et trois de ses clients parmi les plus célèbres.

Mais ses relations avec la pègre, plus ses petits arrangements avec les services secrets Français font tâches. Madame Claude en sait trop et devient gênante. L' état poursuit Fernande Grudet pour fraudes fiscales (une méthode inspirée des Américains pour choper Al  Capone) et la Française s'exile aux USA. Elle ouvre une pâtisserie puis devient barmaid. Elle revient en France en 85 ou elle est arrêtée. Après avoir purgé une peine d'un an et demi de prison, elle est relâchée. Elle remonte un réseau de prostitution dans le Marais à Paris, cette fois bien plus modeste puisqu'elle n'est entourée que de quelques filles. Mais elle est rapidement jugée, cette fois pour proxénétisme aggravé. Elle retourne derrière les barreaux pour quelques mois. Libérée, elle fait ensuite les beaux jours des plateaux télés: chez Mourousi, chez Gilles Schneider pour l'émission Histoires vraies, chez Patrick Sébastien pour Super nana ). Après ces quelques années de battage médiatique, lasse, elle va finir sa vie, seule, sur la côte d'Azur et meurt le 19 Décembre 2015 dans un hôpital Niçois.


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