LES SECONDS COUTEAUX: RICHARD JENKINS
Il y a quelques jours, sur Facebook, dans l'excellent groupe Cinéphiles, je publiais un post concernant l'acteur David Morse, un des meilleurs seconds rôles vivants du cinoche Américain. On parle très souvent des grandes vedettes quand on évoque le cinéma, mais on oublie parfois ces seconds couteaux, au jeu souvent admirable, qui arrivent à rehausser la qualité d'un film, alors imaginez vous quand le film est bon, ils peuvent le sublimer. Ces silhouettes reconnaissables entre mille, on a parfois du mal à leur donner un nom ou citer meme quelques longs métrages de leurs filmos. C'est le cas de l'acteur dont on va parler aujourd'hui: Richard Jenkins.
Les qualificatifs me manquent pour décrire l'efficacité, la sobriété ainsi que la maitrise de son jeu. Avec son physique "passe partout" de cadre d'entreprise cinquantenaire ou de CPE dans un collège, cet acteur est essentiel pour le cinéma US. J'ai voulu commencer par lui, car sans nul doute, il est dans mon "TOP 3" des meilleurs seconds rôles, se disputant la première place avec un Brian Dennehy, un William Smith, un Tom Wilkinson ou encore un Hector Elizondo... Voyez j'en ai déjà 5, et j'en oublie tellement (pour un classement, ça va être coton, voire impossible!)
Jenkins: pour le boulot, tous les looks sont permis! |
Richard Jenkins est né le 4 Mai 1947 dans l'Illinois.
Comme beaucoup de ses confrères, rarement en première place dans un générique, il a commencé dans le théâtre. Il a même été directeur artistique du Rhode Island Trinity Repertory théâtre (rien que le nom ne laissait plus beaucoup de place à la distribution sur l'affiche), jusqu'au début des années 80.
Jenkins débute pour le 7ième art dans Silverado, western pourtant triomphant, mais qui n'a pas su relancé le genre au milieu des années 80.
Un Jenkins moustachu, débutant aux côtés d'une des légendes des seconds rôles Mr Brian Dennehy. |
En 1986 c'est Hannah et ses sœurs, ou son physique de "Monsieur tout le monde" qui colle bien avec l'univers de Woody Allen. Ensuite il va enchainer les rôles sans temps mort: il est Clyde Alden dans Les sorcières d'Eastwick, Gruber dans Mélodie pour un meutre (1989) avec Al Pacino et la troublante Ellen Barkin. La même année, il se frotte (enfin façon de parler!) à la légende Paul Newman dans le méconnu mais néanmoins très réussi Blaze.
Richard Jenkins dans la cour des grands, la preuve avec Al Pacino |
Les années 90 vont asseoir sa réputation de brillant second couteaux. D'abord dans l'excellent film menée de mains de maitres par deux femmes Blue Steel avec la très douée Katryn Bigelow aux manettes et la fantastique Jamie Lee Curtis en belle fliquette Puis, il enchaine avec toute une série de téléfilms réussis: La force de vivre, La stratégie de l'infiltration ou encore Les Soldats de l'espérance (sur les chercheurs combattant le sida).
Mais le cinéma ne veut pas laisser pareil talent seulement pour la télé et on le voit donc en flic dans un film décrié à sa sortie mais que j'aime beaucoup Wolf. Puis L'ombre d'un soupçon en1999, Fou d'Irene (2000), le grandiose The Barber des frangins Coen (2001). Les mêmes Coen qui ont trouvé sa prestation plus que convaincante et se rappellent à son bon souvenir pour l'engager aux cotés du couple Catherine Zeta Jones et Georges Clooney dans Intolérable cruauté en 2003.
Jenkins bien accompagné avec Catherine Zeta Jones |
N'oublions pas que de 2001 à 2005, Jenkins a incarné le personnage de Nathaniel Fisher dans une des séries les plus célèbres de ces vingt dernières années, j'ai nommé Six feet under. Je ne l'ai toujours pas regardé car le problème avec les séries c'est qu'il faudrait plusieurs vies, vu la cadence auxquelles elles sont produites.
C'est vraiment en 2008 où son talent est enfin reconnu à sa juste valeur, quand il obtient, pour le coup, un premier rôle dans The visitor, celui du professeur d'université Walter Vale qui va aider un couple de migrants venue de Syrie.
Tous les talents de The visitor (2007) |
Film courageux qui va bousculer les consciences dans l'Amérique "post 11 Septembre". Il obtiendra, d'ailleurs, le grand prix du festival du cinéma Américain à Deauville en 2008.
A partir de là, on va s'arracher Richard Jenkins. Non pas parce qu'il va truster son nom en haut de toutes les affiches, mais qu' il va asseoir son travail d'acteur, à la manière d'un artisan, dans bons nombres de succès. C'est d'abord Mange, prie, aime avec Julia Roberts en 2010, puis le film d'horreur La cabane au fond des bois, carton chez les ados du monde entier en manque de frissons.
En 2012 il réalise un de "ses meilleurs hold up" en braquant la vedette à Brad Pitt dans le film de gangster Cogan, killing them softly. Aux côtés de ces deux là, toute une escouade d'autres grands seconds rôles: Ray Liotta, James Gandolfini, Scott McNairy (Walt dans Narcos Mexico), Sam Shepard, Max Casella ou encore Ben Mendelsohn.
Le gangster et le chauffeur dans Cogan |
En 2012 toujours, il participe activement à un bon film d'action, bourré de testostérones: Jack Reacher avec Tom Cuise.
Puis, il remporte l'Emmy award du meilleur acteur masculin pour sa prestation dans la mini série Olive Kitteridge en 2014.
En 2015, il continue de tracer de bons sillons avec Bone tomahawk, puis en 2016 il déambule dans les couloirs de la Maison Blanche auprès de Lyndon B Johnson, interprété par le génialissime Woody Harrelson. Très bon film sur ce président Amerloque mal aimé puisqu'il prit la place de John F Kennedy, dans les circonstances dramatiques que l'on connait. Le films d'appelle LBJ (après le JFK de Stone), a eu une renommée confidentielle. Je l'ai découvert en replay sur la chaine Paramount TV, et l'ensemble est très réussi.
En 2017, il nous démontre encore son talent dans la fable humaniste La forme de l'eau, film multi récompensé (mais un peu trop surestimé à mon goût) dont l'Oscar du meilleur film.
L'équipe gagnante de La forme de l'eau à La Mostra de Venise |
Apres cela, il rempile dans la série d'espionnage Berlin station déclinée en trois saisons (soit 29 épisodes en tout).
On attend avec impatience la mini série Jeffrey Dahmer Story, où il jouera Lionel le père d'un des sérial killer américains les plus tristement célèbres.
Bien sûr, nous avons survolé une carrière immensément riche et à 74 ans, égoïstement, on n'envisage pas l'inoxydable Richard Jenkins embrasser une retraite dorée, pourtant bien méritée!
Dans le blockbuster Jack Reacher |
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