MICHEL ET LES REALISATEURS.
On se souvient tous du film Max et les ferrailleurs, mais en regardant de plus près la filmographie de Michel Piccoli, un autre titre m'est venu Michel et les réalisateurs. Rarement, un artiste Français n'a travaillé avec autant de grands noms de la mise en scène et venant d'horizons différents. Bien sur c'est du à la longévité se sa carrière: 70 ans. Mais pas que, c'est également du aux choix artistiques de l'acteur.
Car c'est vrai qu'il n'y a pas grand chose en commun entre Michel Deville et Sergio Corbucci, ni entre Basil Dearden et Agnès Varda, et au milieu de tout ça plane l'ombre de Claude Sautet. Hétéroclyte, la carrière de Michel Piccoli l'est sûrement, mais surtout tellement riche.
Sur le net, on trouve facilement la filmo complète de l'acteur qui nous a quitté le 12 Mai 2020 (sa famille n'a prévenu la presse que le 18 Mai)... Donc nous n'allons pas l'étudier en détails. J'avoue avoir été bluffé par le nombre de réalisateurs de qualité qui l'ont dirigé de 1945 à 2015...
Commençons par les vieux de la vieilles, les piliers du cinéma Francais, Jean Delannoy (Destinées,1952), Jean Renoir (French cancan,1954), Christian Jacques (Nathalie, 1957)...
Les années 60 vont être fastes pour Michel Piccoli qui alternent les rôles dans des productions Françaises et étrangères. Pour le cinéma Français, on est dans une période charnière avec des productions classiques, un cinéma qualifié à l'époque de "cinéma à la papa" et se la "Nouvelle vague" qui montre le bout de son nez... Un melting pot de réalisateurs de styles différents pour étayer une filmographie qui commence à devenir un bijou... La preuve:
Le doulos (1962) et le compliqué Jean Pierre Melville, dans lequel il interprète le truand Nuttheccio. Puis la succès arrive avec Le journal d'une femme de chambre (1963) de Luis Bunuel, Le mépris (1963) de Jean Luc Godard, Double masques et agents double (1964) du Britannique Basil Dearden, Compartiment tueurs (1965) de Costa Gavras, La curée (1965) de Roger Vadim, Les demoiselles de Rochefort (1966) de Jacques Demy.
Ensuite, il réalise une performance d'acteur impeccable dans le troublant Belle de jour (1967) avec encore Luis Bunuel aux manettes. L'année d'après, il est de nouveau en couple avec Catherine Deneuve dans La chamade (1968), l'adaptation du roman de Françoise Sagan sous la direction d'Alain Cavalier. En 1968 encore, on le découvre en inspecteur de police essayant d'arrêter l'insaisissable John Philipp Law dans Danger Diabolik de Mario Bava, et pour finir les sixties en beauté, il tourne sous la direction du "maître du suspens": Alfred Hitchcock dans L'étau (1969).,
Les années 70 seront certainement le summum de sa carrière d'acteur, il va enchaîner les rôles marquants et asseoir sa réputation de pouvoir tout jouer: il est Pierre Berard, un homme qui revoit les grands moments de sa vie défiler alors qu'il a un terrible accident de voiture dans Les Choses de la vie (1970) de Claude Sautet, l'un des plus célèbres films Francais. L'année d'après il interprète le fameux Max, toujours pour Sautet, dans Max et les ferrailleurs, il s'essaye à la comédie pour Philippe de Broca avec La poudre d'escampette, puis tourne sous la direction de Chabrol pour La décade prodigieuse (toujours en 71). Un an plus tard, il se balade dans l'univers de Michel Deville avec La femme en bleue. En 1973, il fait une participation en jouant un chef indien dans Far west de Jacques Brel, et la même année, il est Themroc dans le film du même nom, rare incursion réussie du cinéma Français dans la SF. Et puis il campe Michel dans le célèbre film de Marco Ferreri La grande bouffe et son parterre de scandales. En 1974, il est accompagné de Montand, de Depardieu, de Regianni dans un de ses films les plus célèbres : Vincent, Francois, Paul et les autres... En 1978, autre rôle marquant, celui de Grezillo dans Le sucre. Et la même année, il enchaîne dans une production Italienne sous la direction du réalisateur de Django, Sergio Corbucci: Mélodie meurtrière aux côtés de Marcello Mastroianni.
Et en 1979, pour la première fois de sa carrière, Michel Piccoli est dirigé par Louis Malle dans Atlantic city et il donne la réplique à Burt Lancaster en gangster vieillissant et Susan Sarandon.
Les années 80 débutent en fanfare pour Michel, il est Bertrand Malair, le patron manipulateur d'une grande chaine de magasins, qui explique les combines du métier de publicitaire à Gerard Lanvin qu'il vient de promouvoir. Le jeune homme va rapidement être fasciné par son mentor et va délaisser sa belle épouse Nathalie Baye, dans l'excellent Une étrange affaire (1981). Un film que je n'ai pas revu depuis longtemps, mais le jeu d'acteur de Piccoli m'avait bluffé.(voir extrait ci dessous)
Ensuite il est Max Baumstein dans La passante du Sans Souci avec Romy Schneider, il rempile pour Jacques Demy dans Une chambre en ville (1982), participe au film culte Que les gros salaires lèvent le doigt (1982), et est formidable en animateur de télé véreux dans Le prix du danger (1982) d'Yves Boisset.
Il est un étonnant Louis XVI fuyant Paris dans le Ettore Scola: La nuit de Varennes (1982), et un joueur d'échecs en 1983 dans La diagonale du fou.
1984, j'ai 12 ans et je suis passionné par Napoléon. J'insiste pour aller voir Adieu Bonaparte. Piccoli est le Général Cafarelli et Patrice Chéreau joue le rôle titre. Ce que je n'avais pas compris, avant cette séance ciné à Challes les Eaux ou ma mère m'avait accompagné, c'est que le film est "à charge" contre le Général Corse et son avidité de pouvoir (étant réalisé par l'Egyptien Youssef Chahine). Pas si grave, ce sera un bon souvenir pour moi.
1984, toujours, c'est l'année de Péril en la demeure de Deville. En 1986, il est Max, pour le jeune réalisateur torturé Leos Carax dans Mauvais sang. Il enchaîne les tournages et en 1989, il jour Milou dans le très beau film de Louis Malle: Milou en Mai. Et à ses côtés, on retrouve Bruno Carette, des Nuls, qui pouvait prétendre à une belle carrière de comédien si la maladie ne l'avait pas emporté.
Les années 90 sont un peu moins riches pour des rôles de premier plan (sauf La belle noiseuse en 91 de Jacques Rivette), mais il devient un "second rôle" de luxe très prisé: Le bal des casse pieds (1991) d'Yves Robert, L'ange noir (1994) de Jean Claude Brisseau, Beaumarchais l'insolent (1995) d'Edouard Molinaro ou encore Rien sur Robert (1999) de Pacal Bonitzer.
Les années 2000 se profilent, l'acteur tourne encore beaucoup mais il n'y pas de grand succès dans sa filmographie pendant cette décennie (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de rôles intéressants, pour exemple le père dans Boxes de Jane Birkin en 2009).
Le dernier coup d'éclat de sa carrière sera d'incarner un pape en proie aux doute dans la comédie de Nanni Moretti, Habemus Papam (2011).
Michel Piccoli eut aussi une belle carrière sur les planches dans une cinquantaine de pièces et tout le monde se souviendra de son interprétation convaincante de médecin dans la mini série en 3 épisodes Docteur Teyran (1981) pour la télévision.
Quelle carrière impressionnante! Finalement on ne saura jamais vraiment qui était Michel Piccoli, ou alors un peu de tout ce qu'il a bien voulu nous montrer à l'écran, à la fois mystérieux, drôle, séducteur, sombre, bon copain, manipulateur, poète. L'art de brouiller les pistes, c'est exactement ça, être acteur!
Michel et Romy. |
Car c'est vrai qu'il n'y a pas grand chose en commun entre Michel Deville et Sergio Corbucci, ni entre Basil Dearden et Agnès Varda, et au milieu de tout ça plane l'ombre de Claude Sautet. Hétéroclyte, la carrière de Michel Piccoli l'est sûrement, mais surtout tellement riche.
Sur le net, on trouve facilement la filmo complète de l'acteur qui nous a quitté le 12 Mai 2020 (sa famille n'a prévenu la presse que le 18 Mai)... Donc nous n'allons pas l'étudier en détails. J'avoue avoir été bluffé par le nombre de réalisateurs de qualité qui l'ont dirigé de 1945 à 2015...
Commençons par les vieux de la vieilles, les piliers du cinéma Francais, Jean Delannoy (Destinées,1952), Jean Renoir (French cancan,1954), Christian Jacques (Nathalie, 1957)...
Les années 60 vont être fastes pour Michel Piccoli qui alternent les rôles dans des productions Françaises et étrangères. Pour le cinéma Français, on est dans une période charnière avec des productions classiques, un cinéma qualifié à l'époque de "cinéma à la papa" et se la "Nouvelle vague" qui montre le bout de son nez... Un melting pot de réalisateurs de styles différents pour étayer une filmographie qui commence à devenir un bijou... La preuve:
Le doulos (1962) et le compliqué Jean Pierre Melville, dans lequel il interprète le truand Nuttheccio. Puis la succès arrive avec Le journal d'une femme de chambre (1963) de Luis Bunuel, Le mépris (1963) de Jean Luc Godard, Double masques et agents double (1964) du Britannique Basil Dearden, Compartiment tueurs (1965) de Costa Gavras, La curée (1965) de Roger Vadim, Les demoiselles de Rochefort (1966) de Jacques Demy.
En face de Jean Paul Belmondo dans Le Doulos |
La chamade avec Catherine Deneuve |
Et en 1979, pour la première fois de sa carrière, Michel Piccoli est dirigé par Louis Malle dans Atlantic city et il donne la réplique à Burt Lancaster en gangster vieillissant et Susan Sarandon.
Les années 80 débutent en fanfare pour Michel, il est Bertrand Malair, le patron manipulateur d'une grande chaine de magasins, qui explique les combines du métier de publicitaire à Gerard Lanvin qu'il vient de promouvoir. Le jeune homme va rapidement être fasciné par son mentor et va délaisser sa belle épouse Nathalie Baye, dans l'excellent Une étrange affaire (1981). Un film que je n'ai pas revu depuis longtemps, mais le jeu d'acteur de Piccoli m'avait bluffé.(voir extrait ci dessous)
Ensuite il est Max Baumstein dans La passante du Sans Souci avec Romy Schneider, il rempile pour Jacques Demy dans Une chambre en ville (1982), participe au film culte Que les gros salaires lèvent le doigt (1982), et est formidable en animateur de télé véreux dans Le prix du danger (1982) d'Yves Boisset.
Il est un étonnant Louis XVI fuyant Paris dans le Ettore Scola: La nuit de Varennes (1982), et un joueur d'échecs en 1983 dans La diagonale du fou.
1984, j'ai 12 ans et je suis passionné par Napoléon. J'insiste pour aller voir Adieu Bonaparte. Piccoli est le Général Cafarelli et Patrice Chéreau joue le rôle titre. Ce que je n'avais pas compris, avant cette séance ciné à Challes les Eaux ou ma mère m'avait accompagné, c'est que le film est "à charge" contre le Général Corse et son avidité de pouvoir (étant réalisé par l'Egyptien Youssef Chahine). Pas si grave, ce sera un bon souvenir pour moi.
Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent... Adieu Bonaparte |
Les années 90 sont un peu moins riches pour des rôles de premier plan (sauf La belle noiseuse en 91 de Jacques Rivette), mais il devient un "second rôle" de luxe très prisé: Le bal des casse pieds (1991) d'Yves Robert, L'ange noir (1994) de Jean Claude Brisseau, Beaumarchais l'insolent (1995) d'Edouard Molinaro ou encore Rien sur Robert (1999) de Pacal Bonitzer.
Les années 2000 se profilent, l'acteur tourne encore beaucoup mais il n'y pas de grand succès dans sa filmographie pendant cette décennie (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de rôles intéressants, pour exemple le père dans Boxes de Jane Birkin en 2009).
Le dernier coup d'éclat de sa carrière sera d'incarner un pape en proie aux doute dans la comédie de Nanni Moretti, Habemus Papam (2011).
Habemus papam, un nouveau souverain pontif en proie aux doutes |
Quelle carrière impressionnante! Finalement on ne saura jamais vraiment qui était Michel Piccoli, ou alors un peu de tout ce qu'il a bien voulu nous montrer à l'écran, à la fois mystérieux, drôle, séducteur, sombre, bon copain, manipulateur, poète. L'art de brouiller les pistes, c'est exactement ça, être acteur!
les planches dans une cinquantaine de pièces?
RépondreSupprimerGrâce au https://papystream.tv cinéma, nous voyons que la peur nous montre un monde, et que l'amour nous en montre un autre. Nous décidons quel monde est réel. Et nous décidons dans quel monde nous voulons vivre.
RépondreSupprimer